vendredi 29 mai 2009

De l'utilité des équipeurs

Petite réflexion sur notre pratique et ceux qui la permettent: les équipeurs.

On entend souvent, au fil des falaises, des grimpeurs se plaindre de l'emplacement d'un relais, de la solidité du rocher, de l'espacement entre les points un coup trop important, un coup pas assez...

J'ai eu le plaisir... Bon je parle de plaisir, mais resté pendu des heures sur une stat à casser des écailles, brosser, négocier avec des scorpions de mauvaise humeur, bouffer de la poussière... est-ce du plaisir?

Je disais donc que j'ai eu le plaisir (si! si! je persiste!) dernièrement, de participer modestement au nettoyage de quelques longueurs avant leur équipement en beaux goujons ou scellements tout neufs (Ne soyez pas inquiets, ce n'est pas moi qui perce et qui colle, donc ça tient!). Hé bien dorénavant je réfléchirai à deux fois avant de critiquer un équipement. C'est un boulot vraiment énorme, souvent ingrat (voir ci-dessus)... et bénévole!

Avant de pouvoir grimper sur un rocher solide, avec des points de protection fiables, il faut des heures de nettoyage pour débarasser la falaise des blocs branlants, de la végétation envahissante et de la terre accumulée dans le moindre trou ou la plus infime fissure.

On finit épuisé, noir de poussière, les mains explosées, le dos en compote... quand je vous dis que c'est du bonheur!;-)))

Mais la récompense est au bout. Une fois la voie baptisée (Oui, il faut lui trouver un nom. Pas toujours le plus facile) elle est livrée aux doigts avides des grimpeurs et là, l'équipeur oublie la poussière, les scorpions*, les ronces, les courbatures...


Alors quand vous grimperez une ligne bien propre et bien équipée, ayez une petite pensée pour celui qui y aura consacré des heures, voire des jours, pour vous l'offrir. Et si vous avez la chance de le rencontrer** un petit mot de remerciement et/ou de félicitation lui fera certainement plaisir.

Pierre

* Soyez rassurés: il n'y a pas des scorpions dans toutes les falaises. Il y a parfois des vipères!
** Comment reconnaître un équipeur pour lui dire merci: il est tout sale, a les mains en sang, ne se déplace jamais sans un perfo, une brosse métallique, un marteau de mineur, des plaquettes, une clé, une (voire deux) poignée jumar, une brosse à dent... le tout accroché au baudrier au milieu de tout un bazar d'objets hétéroclites. En outre il a toujours la tête en l'air à la recherche de nouvelles lignes.